SOUS LE BALLAST, LES RAISONS DE LA COLERE.

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Le 26 Avril 1945, les Allemands retraitants vers Cuneo et Turin, suite à l’Opération Canard, le 29ième RTA « délivre » Tende et la Brigue.
Deux jours plus tard un convoi de 320 Tendasques et Brigasques parti de Nice, est acheminé par l’armée française en camion pour porter secours aux populations de ces localités avec mission de favoriser les « sentiments francophiles » .

Avec l’appui des troupes d’occupations françaises, ces vertueux « Citoyens » déclarent la déchéance des autorités italiennes, y compris celles qui sont issus des "Partigiani" (les Partisans)), imposent comme unique drapeau, la bannière tricolore française, poursuivent et persécutent tous ceux qui doutent du rattachement à la France. Le 29 Avril, un plébiscite est organisé par cette nouvelle administration sous l’unique contrôle de l’armée française. Un certain nombre d’habitants natifs de Tende et de la Brigue ne sont pas encore rentrés chez eux, car déportés par les Allemands dans les "casermetes" de Turin (avec ceux de Moulinet, de Sospel, Saorge etc.) d’autres ont fui les bombardements et sont disséminés dans divers villages du Piémont, certains sont encore engagés dans les dernières opérations militaires (désarmements des troupes allemandes, maintien de l’ordre etc.) et d’autres, enfin, sont toujours prisonniers des Alliés.
Le résultat du plébiscite est bien sûr en faveur du rattachement à la France.
En Juillet 1945, sous la pression des Partisans, que ceux-ci arborent le foulard Verts ou Rouges (Communistes ou Garibaldien) ,  les alliés demandent aux troupes françaises d’évacuer les vallées italiennes.
En effet à la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'armée française de De Gaulle occupa militairement toute les vallées de la Roya, de la Nervia et de la Verbone  (Ventimiglia) en déplaçant la frontière sur la rivière Borghetto à la périphérie de Bordighera.
Vintimille ( le nom fut francisé) et tout son arrière-pays furent donc, de facto, annexés et firent partie de l'Etat français.
L’occupation dura environ 6 mois et provoqua de nombreux conflits entre les soldats français et les partisans de la CLN qui avaient lutté contre les Allemands et les fascistes en payant un nombre très élevé de victimes. (L’Italie était pourtant devenue une alliée en Septembre 1943).
De Gaulle ne put que s’exécuter mais conserva des troupes sur la ligne frontière de 1860 en occupant par de fortes patrouilles la ligne Mont Colombin, Marte et Col de Tende.
Le 10 Février 1947 était signé le traité de paix entre les alliés et l’Italie dit Traité de Paris ; en effet en 1943 n’avait été signé qu’un armistice qui instituait toutefois une participation des forces armées italiennes à l’effort de guerre desdits alliés.
Ce traité fut ratifié le 15 septembre et entra en vigueur ce jour, bien que certain pays ne le ratifièrent que bien des mois plus tard.
Dans son alinéa 4, le traité évoque les modifications de frontières.
4. Vallées supérieures de la Tinée, de la Vésubie et de la Roya
La nouvelle frontière quittera la frontière actuelle à Colla Longa, suivra la ligne de partage des eaux par le Mont Clapier, le Col de Tende et le Mont Marguareis, d’où elle descendra vers le sud par le Mont Saccarello, le Mont Vacchi, le Mont Pietravecchia, le Mont Lega et atteindra un point situé approximativement A 100 mètres de la frontière actuelle prés de Colla Pegairolle A 5 kilomètres environ au nord-est du Breil; de là, en direction du sud-ouest, elle rejoindra la frontière actuelle à 100 mètres environ au sud-ouest du Mont Mergo.
La description détaillée des sections de la frontière auxquelles s'appliquent les modifications indiquées dans les paragraphes 1, 2, 3 et 4 ci-dessus  figure l'annexe II du présent traité, les cartes auxquelles se réfère cette description se trouvant a l'annexe I.
SECTION I1-FRANCE (Clauses Spéciales)
Article 6
L'Italie cède à la France en pleine souveraineté le territoire précédemment italien situé du côté français de la frontière franco-italienne, telle qu'elle est définie à l'article 2.
Article 7
Le Gouvernement italien remettra au Gouvernement français toutes les archives historiques et administratives antérieures à 1860 qui se rapportent au territoire cédé à la France par le Traité du 24 mars 1860 et par la Convention du 23 août 1860.
Le 16 septembre 1947, les territoires de Tende et la Brigue étaient officiellement rattachés à la France.
Le 12 Octobre 1947 ; le résultat du plébiscite organisé par la France donne 1445 oui à Tende et 759 à la Brigue.
Le recensement Italien donnait alors : 2.547 habitants à Tende et 1604 à La Brigue.
Il faut savoir que parmi les promesses qui furent faites aux populations étaient prévus la reconstruction et l’entretien de la ligne de chemin de fer Nice-Cuneo (dont les ouvrages d’art avaient été détruits une première fois par le génie français en Juin 40 et une seconde fois par les allemands en retraite.
En dehors du fait qu’un certain nombre de clauses garantissant un certain nombre de droits aux Tendasque et Brigasque de langue italienne, ne furent pas respectés, ce traité pourrait être remis en cause ; en effet le traité du 24 Mars 1860 n’était plus en vigueur à l’époque.
L’ensemble des traités entre la France et l’Italie furent suspendus durant les hostilités avec l’Italie. Or, il fallait les remettre en vigueurs, dans l’hypothèse la plus favorable à la France, cette « remise en vigueur » ne fut effectuée que le 1er Mars 1948 par une note orale transmise par l’ambassadeur de France à Rome au Ministère des Affaires Etrangère palais Chigi.
Cette note est explicite : « Le gouvernement français estimant que l’état de guerre a abrogé le droit conventionnel franco-italien, considère pour les conventions mentionnées dans cette liste d’une remise et non pas d’un maintien en vigueur. »
Cette note précise la référence à l’article 44 du traité de Paris.
SECTION IX-TRAITES BILATERAUX
Article 44
1. Chacune des Puissances Alliées ou Associées notifiera à l'Italie, dans un délai de six mois A partir de 1'entrée en vigueur du présent Traité, les traités bilatéraux qu'elle a conclus avec 1'Italie antérieurement à la guerre et dont elle désire le maintien ou la remise en vigueur.
Toutes dispositions des traités dont il s'agit qui ne seraient pas en conformité avec le présent Traité seront toutefois supprimées.
2. Tous les traités de cette nature qui auront fait l'objet de cette notification seront enregistrés au Secrétariat de l'Organisation des Nations Unies, conformément à l'article 102 de la Charte des Nations Unies.
3. Tous les traités de cette nature qui n'auront pas fait l'objet d'une telle notification seront tenus pour abrogés
Le traité de Paris ayant été ratifié le 15 Septembre 1947 , cette note « orale » référent aux délais  est susceptible d’être retenu si toutefois le terme note orale est reconnue par les juridictions internationales.
Toutefois à la date de la signature du traité de Paris de 1947, la France ne pouvait procéder, ni même envisager une modification de frontière et organiser un plébiscite à partir d’un territoire quelle ne possédait pas du fait de la caducité du traité de Turin du 24 Mars 1860.
La France a donc sciemment induit en erreur les puissances signataires du traité dans le seul but d’agrandir son territoire.
Par ailleurs, la France n’ayant jamais procédé dans les délais précités à l’enregistrement des traités cités en référence auprès de l’ONU , le traité du 24 Mars 1860 n’a jamais été remis en vigueur sinon unilatéralement au mépris des autres puissances membre de cette assemblée et qui furent signataires du traité de Paris en 1947 .
La situation juridique de la haute vallée de la Roya est donc particulière, notamment parce que la France refuse de maintenir le service de la ligne de Chemin de Fer de Breil au Tunnel de Tende rompant ainsi avec les engagements pris en 1947. Les habitants de Tende et de la Brigue seraient à même de demander une protection juridique internationale dans le conflit qui les oppose à la puissance de tutelle et au désintéressement de l’Etat Italien.
Le rétablissement d’un axe de transport stratégique (voyageur et marchandise) tel qu’il fut prévu dès 1848 entre Nice et le Canton de Genève (Via Turin) pourrait bien devenir un enjeu international. Il faut se souvenir aussi que le Royaume de Piémont-Sardaigne dont la Countèa de Nissa faisait partie ouvrit la rade de Villefranche à la flotte impériale Russe.
Ainsi en 1858 la requête transmise par les Russes au gouvernement sarde au sujet de l’obtention de la concession d’une ligne de chemin de fer reliant Villefranche à Cuneo.
Même si ce projet n’aboutit pas, il témoigne de la volonté initiale des Russes de développer leur installation de Villefranche en y créant des infrastructures de taille.
L’histoire de la ligne Nice-Cuneo est donc bien loin d’être terminée.

JMF

Comments

[Tribbioli Giorgio]

En 1947 j'avais 8 ans et avec ma mère (de famille tendasque) on a décidé de partir en Italie, mais toute ma famille est resté a Tende. Regardez mon site sur Tende! Vous pouvéz aussi me voir sur facebox. Merci pour vos articles et votre bataille que j'apprecie beaucoup. Mon père est mort en allemagne, capturé par les nazis a Tende, avec tous les frères de ma mére "www.flossenburg.org".